Le premier jour du reste de sa vie

Il m’a fallu du temps et un long cheminement intérieur pour comprendre que ce n’était pas à toi seule de t’adapter à l’école mais bien à l’école de s’adapter aussi à tes besoins, et à ceux de nombreux autres enfants, adolescents, jeunes adultes qui souffrent quotidiennement dans un système scolaire qui ne les accueille pas dans leur unicité.

J’ai été parfois dure, pas toujours à l’écoute, prise par mes propres angoisses de savoir comment tu pourrais te faire une place dans la réalité et la violence du monde avec la couleur qui est la tienne, et cette sensibilité exacerbée. Flaubert disait : « Je suis doué d’une sensibilité absurde, ce qui érafle les autres me déchire. » Et ce qui t’érafle toi, t’écorche vive…

J’ai voulu te protéger, maladroitement, me montrer forte et déterminée. En réalité, j’ai souvent été tourmentée, démunie, et habitée d’une profonde tristesse. La question de l’école a souvent été au coeur de nos tensions, ces espaces où nous avions du mal à nous rencontrer, chacune en lien avec la puissance des besoins si précieux qui criaient à l’intérieur de nous, dont il était vital pour chacune de prendre soin, sans cependant trouver véritablement la clé de la serrure qui nous permette de nous relier à ceux de l’autre.

Et pourtant, j’étais animée par une seule vibration : l’Amour que je te porte depuis que tu es entrée dans ma vie, tel un ouragan, il y a près de 20 ans.

Aujourd’hui, je ne célèbre pas ta réussite. Il y a longtemps que je te sais capable du meilleur si cela fait sens pour toi et que tu y trouves de l’intérêt. Je ne crois plus aux évaluations qui, définitivement, ne définissent pas la valeur d’une personne.

Aujourd’hui, je célèbre une fois de plus ta force et ton courage pour avoir traversé, au prix qu’il t’en coûte encore aujourd’hui, toutes les tempêtes de ces années de scolarité où tu ne t’es jamais sentie à ta place.

Te voilà enfin au bout de ce tunnel d’obligations, au sein duquel tu as mené le plus difficile et précieux des combats : rester fidèle à qui tu es. Tu m’inspires, chérie, chaque jour un peu plus.

Te voici désormais à l’aube du « premier jour du reste de ta vie »… celui de la renaissance…

Bon vent ma Princesse ❤

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